La pression monte tout doucement à Funchal. Il est encore temps de participer à un tournoi de football sur la plage. De se promener dans le sublime arrière pays de cette île trop méconnue. D’effectuer quelques plongées. D’acheter des souvenirs. Bref, de se détendre avant d’entamer, dès samedi, la seconde étape de cette Charente-Maritime/Bahia 650 et ses 3200 milles de Madère au Brésil.
Certes, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Certains, à l’image de l’Italien Andrea Caracci, ponce, perce, rafistole ses boites de safran et son tableau arrière emportés par une vague scélérate. D’autres se penchent sur leurs voiles. Vérifient encore et encore, si les bouts sont en état, si les drisses ne coincent pas. Si le bout dehors pivote bien. Pour les derniers enfin, ceux qui connaissent la fiabilité de leur « outil », c’est l’heure de se pencher sur les cartes météos.
On peut les voir détailler leur route qui passera par les Canaries, les Iles du Cap Vert, l’Equateur et ce terrible Pot au Noir aussi fluctuant et incompréhensible que la bourse voilà quelques mois. Et même s’ils savent que les données du jour devront être vérifiées et contrôlées d’ici samedi, Ils sont installés dans leur cockpit carte sur les genoux et pour beaucoup, conseils de Jean-Yves Bernot en tête.
« COMME UN BEBE »
Ce cockpit qui sera leur maison pour trois semaines et plus. Un espace exigu au possible. 4m2 à vide. Mais quand vous y mettez les 140 litres d’eau obligatoires, plus les 35 litres d’autres liquides divers (huile d’olive et autres), la nourriture, les voiles de rechange, les vêtements (encore) secs, le réchaud qui se balance, le GPS, il reste tout au plus 2,5 m2 pour vivre. Pour un petit gabarit il n’est déjà pas aisé de se mouvoir mais pour un « géant » du genre de l’Australien Geoffrey Duniam qui doit flirter avec le double mètre et le quintal, la performance est encore plus incroyable.
Et pourtant personne ne se plaint. Chacun vous explique qu’il vit bien, qu’il a l’habitude et vous montre où il dort souvent « comme un bébé ». Leur couchette est une sorte de tunnel étroit qu’il convient d’intégrer les pieds en avant. La tête émerge et donne dans « le salon ». Sur la planche certains mettent une bâche (ou plus précisément une toile à matosser) qu’ils relèvent à l’aide d’une poulie. Et d’apprécier « En fait, on est comme dans un hamac. » Les palmiers en moins, et avec de l’air confiné en plus. Il n’est pas bon être claustrophobe dans cet habitacle.
Encore s’agissait-il d’un bateau de série. Dans un proto, avec la quille pendulaire au milieu de « la pièce » qui mange le peu de place, les skippers dorment souvent assis, la tête reposant sur une sorte d’oreiller, ou plutôt un vêtement, une polaire. Marine Feuerstein reconnait « Chez nous, c’est plus spartiate. Le plus embêtant c’est que rien n’est accessible. Il faut toujours déplacer quelque chose pour aller quérir ce que l’on veut».
Comme afin d’éviter tout accident, beaucoup se couchent, en plus, avec le harnais de sécurité attaché (« Je ne le quitte jamais » expliquent en chœur Vertes, Burté, La grange et bien d’autres) il faut être d’un optimiste débordant pour trouver cet endroit, sinon agréable, du moins vivable.
En fait, en dehors d’une cellule de prison, il n’y a rien de pire. Ce qui fait dire à Brice Aqué : « J’appelle cela notre prison dorée, car pour nous la seule façon de s’évader… c’est d’y rester. » Mais que font-ils donc dans cette caisse de résonnance durant les traversée et notamment celle qui les attend avec ces trois longues semaines de solitude ?
IPOD ET MP3
Beaucoup écoute de la musique. L’Ipod ou le MP3 sont devenus des éléments indispensables à la bonne santé du marin. Feuerstein adore Grand Corps Malade « Parce qu’il dit ce qu’il est. Avec des mots qui me rappellent ce que l’on vit avec le projet d’un mini. Du désespoir parfois à la joie quand on conclut. » Mais elle emporte aussi du Vivaldi et du Bach.
D’autres lisent un peu de tout. Sandrine Bertho hésite. « J’ai lu trois livres les quatre premiers jours de la première étape. Je ne sais pas si je vais en emmener sur la seconde. » Mirman, lui, est un adepte des mots croisés. Mais le plus heureux est Aqué.
« Moi, je navigue grand luxe. J’ai un Ipod avec deux amplis et deux hauts parleurs extérieurs. Géraldine mon amie m’a fait des vidéos de la famille, des amis. Je n’ai pas l’impression d’être totalement seul»
Le grand luxe, ici, étant, vous l’aurez compris, une simple façon de s’exprimer. Le commun des mortels dirait plutôt : « Il faut avoir tué père et mère pour naviguer sur pareils bateaux. » Mais chacun trouve son plaisir où il veut…
Ufficio stampa
1 commenti:
VAI GAETANO!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
G.V. :-D
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